Type de document : article publié sur France3 Auvergne Rhône-Alpes
Auteur : Catherine Lopes
Extrait : Suite au passage du pays en risque élevé de grippe aviaire, les éleveurs de volailles font face à l’obligation de confiner leurs animaux. Cette mesure, prise en période de passage des oiseaux migrateurs, n’est pas sans conséquences pour les éleveurs et leurs animaux, notamment en Auvergne. (…)
La principale conséquence de ce niveau d’alerte élevé est l’interdiction de sortir les volailles à l’extérieur. Concrètement, les éleveurs doivent se préparer à confiner leurs animaux. Toutefois, cette consigne crée un dilemme pour des exploitations comme celles du Domaine de Limagne, qui élèvent environ 3 000 canards par bâtiment de 400 mètres carrés, avec un hectare de parcours herbeux à l’extérieur. Le gérant, Jean-François Panem, indique que l’entreprise n’avait pas préparé une densité suffisante pour le confinement initial : “Par le passé, on a déjà connu cela. On a essayé de respecter du mieux que l’on a pu. On a mis des animaux dans des bâtiments non adaptés mais couverts, bien souvent attenants aux ateliers d’élevage. Mais les conditions n’étaient quand même pas très bonnes pour les animaux. Donc c’est pour ça qu’on a grand espoir d’obtenir une dérogation pour avoir des parcours réduits, mais les laisser dans tous les cas en pleine nature”.
La difficulté majeure du confinement réside dans le maintien de conditions satisfaisantes pour les animaux. “Confiner la population sans dérogation ne permettrait pas de respecter le bien-être animal de manière adéquate”, selon Maureen Brayat, responsable qualité du Domaine de Limagne. Le bien-être animal est donc l’argument principal mis en avant par les professionnels pour justifier une exception aux règles. Pour contourner l’obligation de confinement total, les éleveurs demandent des dérogations à la Direction départementale des protections de la population (DDPP). L’objectif est de permettre aux animaux de sortir sur un « parcours réduit », sans avoir accès aux abreuvoirs ou mangeoires extérieures. Cette dérogation est liée à la réalisation d’un audit biosécurité complet chez les éleveurs et nécessite des dépistages virologiques. (…)
La vaccination joue un rôle crucial dans l’obtention de ces dérogations. Les canards du Domaine de Limagne sont tous vaccinés. Cependant, ce coût n’est pas anodin, s’élevant à près d’un euro par caneton. (…) Il est à noter que, pour l’instant, seuls les canards sont vaccinés, pas les poulets dits « Label Rouge » ou « Bourbonnais ».
Malgré la situation, le sentiment dominant chez les éleveurs de volaille en Auvergne est la prudence plutôt que l’inquiétude. Aurélien Lafoucrière est éleveur à Etroussat, dans l’Allier, de Poulets du Bourbonnais, de volailles, et président du SYVOFA, Syndicat de défense des volailles fermières d’Auvergne. Il précise que les éleveurs locaux, habitués à vivre avec ce risque depuis des années, ont “la chance d’avoir un secteur qui est quand même un peu plus épargné par rapport aux flux migratoires, contrairement à d’autres régions comme la Bretagne ou la Vendée”.
La prudence se traduit par une vigilance accrue en matière de biosécurité. Les éleveurs doivent respecter des « gestes barrières », comparables à ceux du Covid, impliquant le changement de vêtements, l’usage de tenues spécifiques (des chaussures au T-shirt) afin de laisser les virus dehors avant de pénétrer dans les poulaillers. En cas de contamination avérée dans un élevage, le protocole exige l’abattage du lot complet, ce qui peut entraîner un zonage bloquant les élevages voisins.
Le renforcement de l’alerte intervient à une période capitale, à environ deux mois de Noël. La période de fin d’année (novembre-décembre) représente environ 25% des ventes totales pour les producteurs de foie gras et de volaille, et 30% des ventes annuelles pour le Domaine de Limagne. (…)
