Type de document : article scientifique publié dans Applied Animal Behaviour Science
Auteurs : Claire Ricci-Bonot, Emily Wilson, Stefania Uccheddu, Daniel Simon Mills
Résumé en français (traduction) : Réactions de détresse de type chagrin chez les chevaux après la mort d’un congénère
En tant qu’espèce sociale, on pourrait s’attendre à ce que les chevaux manifestent des comportements modifiés à l’égard de congénères mourants ou morts. Cependant, la littérature sur ce sujet est remarquablement peu abondante. L’objectif de cette étude était d’identifier les changements de comportement chez les chevaux qui ont perdu un compagnon équidé. Une enquête en ligne a été utilisée pour recueillir des données sur l’hébergement et la gestion des équidés, des informations sur l’équidé survivant et l’équidé décédé (y compris le lien de parenté), le décès de l’équidé décédé et le type et la durée des changements comportementaux immédiats et durables chez le cheval survivant. L’enquête a été réalisée pour 325 chevaux survivants. Les propriétaires de chevaux ont signalé de multiples changements de comportement chez le cheval survivant dans les 24 heures suivant la mort de son compagnon, le plus souvent liés à l’excitation (88,96 %), au comportement dirigé vers d’autres équidés (77,67 %) et des personnes (77,64 %), à la vigilance face aux stimuli (72,92 %) et à la vocalisation (68,63 %). Les modèles de régression logistique multiple indiquent que les chevaux qui ont partagé une relation affectueuse, plutôt que de simplement se tolérer, sont plus susceptibles de modifier leur excitation à interagir avec les autres ou à l’heure des repas (dépendance parentale vs. tolérance mutuelle : p = 0,006 ; tolérance amicale vs. tolérance mutuelle : p = 0,023) et leur comportement envers les humains (dépendance parentale vs. tolérance mutuelle : p = 0,026 ; tolérance amicale vs. tolérance mutuelle : p = 0,029). Ces changements de comportement ont souvent persisté pendant 6 mois après la mort de leur compagnon. Les chevaux ayant assisté à la mort de leur compagnon étaient plus susceptibles de présenter des modifications du temps passé à dormir (p = 0,028) et à s’alimenter (p = 0,030) dans les 24 heures suivant la mort, par rapport à ce qu’ils étaient avant la mort de leur compagnon. Ces chevaux survivants étaient également plus susceptibles de présenter un changement dans l’excitation à interagir avec les autres et/ou à l’heure des repas (p = 0,004) et dans la vigilance (p = 0,016). Le fait que le cheval survivant ait ou non passé du temps avec le cadavre n’a pas eu d’incidence sur son comportement au cours des 24 premières heures suivant la perte. Cependant, dans les 6 mois suivant la mort du compagnon, les chevaux qui ont pu passer du temps avec le cadavre n’ont pas changé leur vocalisation (p = 0,005) et leur excitation à interagir avec les autres et/ou à se nourrir (p = 0,022). Inversement, les chevaux qui ne pouvaient pas passer du temps avec le corps étaient plus susceptibles de montrer un changement dans l’excitation (p = 0,038) et la vigilance (p = 0,033). Ces résultats indiquent que les chevaux peuvent exprimer des comportements liés au deuil, mais d’autres preuves empiriques indépendantes sont nécessaires. La mort d’un compagnon peut avoir des conséquences négatives sur le bien-être du survivant. Cette étude peut aider les propriétaires à mieux gérer le bien-être émotionnel pendant cette période difficile.
Résumé en anglais (original) : As a social species, it would be anticipated that horses may display altered behaviours toward dying or dead conspecifics. However, there is remarkably little literature on this subject. The aim of this study was to identify behavioural changes in horses who have experienced the loss of a companion equid. An online survey was used to collect data on the housing and management of the equids, information on the surviving and deceased equid (including relationship), the passing of the deceased equid, and the type and duration of immediate and sustained behavioural changes in the surviving horse. The survey was completed for 325 surviving horses. Horse owners reported multiple changes in behaviour in the surviving horse within 24 h of the companion’s death; most often related to arousal (88.96 %), behaviour directed towards other equids (77.67 %) and people (77.64 %), alertness to stimuli (72.92 %) and vocalisation (68.63 %). Multiple logistic regression models indicate that horses who had shared an affectionate relationship, rather than simply tolerated each other, were more likely to change their excitement to interact with others or at feeding time (parental-dependant vs. mutual tolerance: p = 0.006; friendly vs. mutual tolerance: p = 0.023) and behaviour towards humans (parental-dependant vs. mutual tolerance: p = 0.026; friendly vs. mutual tolerance: p = 0.029). These behavioural changes often persisted for 6 months after the death of their companion. Horses who had witnessed the death of their companion were more likely to show alterations in time spent sleeping (p = 0.028) and feeding (p = 0.030) within 24 h of death, compared to before companion death. These surviving horses were also more likely to have a change in excitement towards interacting with others and/or around feeding time (p = 0.004) and vigilance (p = 0.016). Whether or not the surviving horse had spent time with the dead body did not affect its behaviour in the first 24 h of loss. However, within 6 months after the death of the companion, horses who could spend time with the body had no change in vocalisation (p = 0.005) and excitement to interact with others and/or to feed time (p = 0.022). Conversely, horses who could not spend time with the body were more likely to show a change in arousal (p = 0.038) and vigilance (p = 0.033). These findings indicate that horses may express grief-related behaviours, but further independent empirical evidence is required. The death of a companion can have negative consequences for the survivor’s welfare. This study may help owners manage emotional welfare better during this difficult time.
