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Expertise / Avis

Stress thermique pendant le transport des bovins


Titre complet : Avis du CNR BEA sur le confort thermique, les facteurs de stress thermique et les leviers d’action pendant le transport des bovins
Commanditaire : Direction Générale de l’Alimentation (DGAL) – Bureau du Bien-être animal (BBEA)
Date de saisine : 28/08/2024
Date de rendu : 28/02/2025
DOI : 10.17180/m5hn-pa61

Contexte de la saisine

La réglementation européenne relative au bien-être des animaux de ferme est actuellement en cours de révision. En décembre 2023, la Commission européenne a émis la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil relatif à la protection des animaux pendant le transport et les opérations annexes, modifiant le règlement (CE) n°1255/97 et abrogeant le règlement (CE) n°1/2005 du Conseil actuellement en vigueur. Cette révision a été entamée dans le but d’ajuster les exigences réglementaires aux nouvelles connaissances scientifiques relatives au bien-être animal pendant le transport, sur la base des avis publiés par l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) à la demande de la Commission européenne. Le projet de révision du règlement 1/2005 suggère des prévisions de températures extérieures à respecter pour autoriser ou non les transports d’animaux vivants quels que soient l’espèce/race/lieu. Des négociations entre les États membres sont en cours (au premier semestre 2025).

Afin de soutenir ses arguments au cours des discussions européennes, le BBEA de la DGAL a saisi le CNR BEA pour répondre aux questions suivantes : i) « Quelles sont les zones de thermoneutralité des bovins ? » ii) « Quels sont les paramètres permettant de réguler la température ressentie par les bovins pendant le transport routier ? » et iii) « Comment agir sur ces paramètres afin d’améliorer le confort thermique des animaux ? »

Le rapport du CNR BEA synthétise les points clés de l’avis EFSA paru au sujet du bien-être des bovins durant le transport, en se concentrant exclusivement sur les informations relatives au stress thermique.

Il s’articule autour de trois axes :

  • Mécanismes physiologiques et comportementaux de régulation de la température chez les bovins, exposés à des températures basses et hautes
  • Facteurs endogènes et exogènes susceptibles de générer un stress thermique chez les bovins lors du transport

Leviers d’action en cas de fortes ou de basses températures pour améliorer le confort thermique des bovins pendant les différentes phases du transport : lors du chargement/déchargement, lors du transit en camion et durant les pauses

Principales conclusions du CNR BEA 

  • Lorsque les prévisions météorologiques pendant tout ou partie du trajet ne permettent pas d’assurer le maintien des bovins dans leur zone de neutralité thermique à l’intérieur du camion, le transport ne devrait pas avoir lieu, afin de réduire le risque de stress thermique chez les animaux.
  • L’EFSA n’indique pas de durée seuil en dessous de laquelle les animaux pourraient être transportés en conditions sous-optimales. Ainsi, quelle que soit la durée du transport, aucun bovin ne devrait être transporté lorsque les températures au sein du camion risquent d’être supérieures à 25°C ou inférieures à 5°C (ou 15°C pour les veaux). Par temps chaud, il est donc préférable d’organiser le transport tôt le matin ou pendant la nuit.
  • Afin de surveiller les conditions climatiques au sein des véhicules de transport, l’installation de capteurs capables de mesurer le microclimat (température, humidité et vitesse de l’air) en plusieurs points stratégiques du camion (à chaque niveau du camion, près des ouvertures et à l’avant) est indispensable. Ces capteurs doivent être connectés à un système d’alerte intégré dans la cabine du chauffeur, qui signalerait immédiatement tout rapprochement ou dépassement des seuils thermiques critiques. Cette configuration permettrait aux chauffeurs d’appliquer les actions préventives et correctives nécessaires pour atténuer le risque de stress thermique. Si aucune action n’est efficace ou ne peut être mise en place dans un délai raisonnable, le déchargement des animaux devrait alors être effectué aussi vite que possible. Cela implique néanmoins de développer le réseau de structures d’accueil des animaux en cours de transport.
  • Pour que les chauffeurs puissent appliquer les mesures préventives et correctives adéquates et détecter un éventuel stress thermique chez les animaux transportés, il est essentiel qu’ils soient correctement formés aux bonnes pratiques et à la lecture des indicateurs de stress thermique sur les animaux.
  • Seule la zone de neutralité thermique des bovins a été considérée dans cette expertise par souci de clarté et d’opérationnalité. L’EFSA insiste néanmoins dans son avis sur le fait que les bovins sont en situation de confort thermique optimal lorsque les températures sont comprises dans leur zone de confort thermique (ZCT). Ainsi, la considération de la ZCT dans l’évaluation des conditions de transport sur le bien-être des individus devrait tout de même prévaloir sur celle de la ZNT. Cela implique que les contours de la ZCT des bovins soient mieux définis, celle-ci ayant été, pour l’heure, peu étudiée.
  • Au moins deux mesures plus globales, et non abordées dans l’avis EFSA, devraient aussi être considérées pour réduire significativement le stress des animaux durant le transport :
  • L’abattage des animaux sur des sites à proximité des élevages d’origine pour réduire les durées de transport, privilégiant ainsi le transport de carcasses plutôt que d’animaux vivants
  • Les exportations d’animaux vivants en-dehors de l’Union européenne approuvées uniquement si le bien-être des animaux est respecté au regard de la réglementation européenne