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Transport, Abattage, Ramassage

Maltraitance animale : il fait installer des caméras dans son abattoir pour plus de transparence

By 14 octobre 2021octobre 27th, 2021No Comments

Type de document : Article publié dans Ouest France

Auteur : Guillaume Le Du

Extrait : Jacques Sénécal, à Cahagnes (Calvados), est l’un des premiers en France à utiliser la vidéosurveillance sur la chaîne d’abattage des volailles. Pour montrer l’absence de maltraitance animale.

À Cahagnes, dans le bocage calvadosien, l’abattoir de Jacques Sénécal abat 4 000 volailles par semaine à destination des boucheries traditionnelles de la région. L’entreprise familiale de seize salariés est un petit acteur industriel de la filière, mais ça ne l’empêche pas d’être à la pointe de l’innovation. Il y a trois ans, les frères Sénécal avaient instauré une traçabilité de la naissance des animaux à l’assiette via des étiquettes numériques. Grâce au fameux QR code, ils étaient en mesure de « bloquer en caisse l’achat d’une volaille impropre à la consommation ».

Les services vétérinaires associés au dispositif

Ils ont « récidivé » le 26 juillet, en faisant installer trois caméras de surveillance dans leur abattoir. « Nos éleveurs (une dizaine de petits élevages situés dans le département) prennent soin de leurs animaux, on voulait leur montrer que les volailles étaient abattues sans souffrance, explique Jacques Sénécal. Elles sont endormies par électronarcose (étourdissement par courant électrique) avant d’être saignées. »

Ces deux étapes sont filmées et visibles en direct sur l’ordinateur du patron. Une troisième caméra placée à l’accrochage des animaux, a également été installée. « Les images sont envoyées aux éleveurs qui, grâce à la traçabilité des lots, voient comment leurs volailles ont été abattues. » Les services vétérinaires (DDPP) qui ont été associés à la mise en place du dispositif, « ont un accès direct aux images sur lesquelles les visages des salariés n’apparaissent pas ».

Autre avantage : le personnel a pu être sensibilisé au bien-être animal. « On a fait de la pédagogie pour que l’accrochage ne soit pas trop brutal, pour qu’aucune volaille ne soit saignée sans avoir été endormie, quitte à la repasser à l’électronarcose en cas de doute. » Jacques Sénécal a même rencontré L214. L’association de défense de la cause animale, spécialiste des vidéos chocs, plaide pour rendre « public ces images ».

Ce n’est pas pour tout de suite… « Dans un second temps, ces images pourraient être destinées aux ONG et seulement dans un troisième temps aux consommateurs, indique, dans un entretien à Brut, Fabrice Zehra, l’entrepreneur et défenseur de la cause animale qui a monté le dispositif vidéo dans l’abattoir Sénécal. C’est fou qu’en 2021, la vidéosurveillance ne soit pas généralisée, en France, dans les abattoirs… »

Quarante-six installations aidées de vidéosurveillance

Mais, après le refus, en 2017, de la proposition de loi Falorni, visant à rendre obligatoire la surveillance vidéo dans les abattoirs, la loi Alimentation (article 71) de 2018 a autorisé une expérimentation de vidéosurveillance sur la base du volontariat pendant deux ans. Seuls cinq abattoirs ont participé au dispositif, initié en février 2020.

« D’autres abattoirs l’ont mis en place mais n’ont pas voulu rentrer dans l’expérimentation pour éviter d’avoir à rendre des comptes aux autorités publiques. Il faudrait pourtant un cadre réglementaire pour protéger les salariés. La faute repose souvent sur du matériel de contention inadapté, des cadences trop importantes », souligne Agathe Gignoux, responsable des affaires publiques de CIWF France, une ONG œuvrant au bien-être animal. « La vidéosurveillance est déjà obligatoire au Royaume-Uni, en Israël, aux Pays-Bas, dans la moitié des états américains. On est à la traîne. »

Pourtant, dans le cadre du plan de relance, 115 millions d’euros ont été affectés à la modernisation des abattoirs. FranceAgriMer a sélectionné 132 dossiers dont 46 projets incluent des dispositifs de contrôle par vidéosurveillance. Les distributeurs poussent à ce type d’investissement. Carrefour a exigé la pose de caméras dans ses abattoirs partenaires. Rappelons que la France compte plus de 900 abattoirs, dont 247 abattoirs de boucherie (ovins, caprins, porcins et bovins).

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Extrait du site de Ouest France