Type de document : article scientifique publié dans Poultry Science
Auteurs : Vitor Hugo Bessa Ferreira, Elise Calesse, Lucille Dumontier, Fabien Cornilleau, Julie Lemarchand, Auriane Foreau, Maxime Quentin, Léa Lansade, Céline Tallet, Xavier Boivin, Ludovic Calandreau
Résumé en français (traduction) : Les poulets perçoivent les humains comme des tampons sociaux et peuvent suivre les signaux donnés par les humains : Une étude pilote
La perception positive des humains, largement documentée chez les mammifères domestiques, reste comparativement peu explorée chez les oiseaux domestiques tels que les poulets, les études existantes se concentrant principalement sur la réduction de la peur. Cette recherche a évalué si les poulets percevaient les humains de manière positive, en tenant compte des types d’interaction et des différences entre les races. Deux races (Lohmann LSL Classic, Brown Classic) ont été soumises à un contact physique (PC), à un contact visuel uniquement (VC) ou à un contact humain minimal (MC) pendant 13 jours (jours 35-51 ; PC et VC : 1-2 min/jour). Les oiseaux ont été évalués à l’aide de trois tests comportementaux. Au cours du test de séparation-réunion (jours 52-53), les individus ont subi deux séparations de 3 minutes (expérimentateur absent) et des réunions (expérimentateur présent) dans un champ ouvert. Ensuite, l’expérimentateur a effectué jusqu’à six tentatives de capture standardisées pour attraper les oiseaux (test de capture). Enfin, le test d’amélioration locale (jours 120-137) a permis d’évaluer la capacité des oiseaux à utiliser la présence/les gestes humains pour localiser la nourriture. Dans le test de séparation-réunion, les oiseaux PC ont montré des comportements plus calmes/positifs, tels qu’une vigilance réduite et une recherche accrue de nourriture, en présence de l’expérimentateur par rapport au fait d’être seul. Inversement, les oiseaux MC présentaient moins de comportements calmes et se repliaient davantage sur eux-mêmes en présence de l’expérimentateur. Les oiseaux bruns ont montré plus de comportements calmes, ont réduit leurs mouvements et ont passé plus de temps près de l’expérimentateur que les oiseaux blancs. Le test de capture a confirmé ces résultats, les oiseaux PC et bruns étant plus faciles à capturer. Dans le test d’amélioration locale, deux individus PC et l’ensemble du groupe PC brun ont utilisé avec succès des indices donnés par l’homme pour localiser les récompenses alimentaires. Ces résultats indiquent que, comme cela a été observé chez d’autres espèces, les poulets – en particulier ceux qui ont eu des expériences humaines positives – peuvent associer les humains à des résultats gratifiants. Les interactions positives peuvent également amener les poulets à percevoir les humains comme des tampons sociaux, c’est-à-dire comme des facteurs permettant d’atténuer le stress dans des situations difficiles. Bien que fondamentale, cette étude met en évidence le potentiel des approches sensibles à la race pour améliorer le bien-être des volailles et ouvre le débat sur l’adaptation des interactions homme-animal aux caractéristiques spécifiques de la race. Ces connaissances peuvent éclairer les pratiques d’amélioration du bien-être et fournir des outils pratiques pour la gestion de l’exploitation, qui profitent à la fois aux animaux et aux agriculteurs.
Résumé en anglais (original) : Positive perception of humans, extensively documented in domestic mammals, remains comparatively underexplored in domestic birds like chickens, with existing studies largely focusing on fear reduction. This research evaluated whether chickens perceive humans positively, accounting for interaction types and breed differences. Two breeds (Lohmann LSL Classic, Brown Classic) experienced physical contact (PC), visual-only contact (VC), or minimal human contact (MC) over 13 days (Days 35–51; PC and VC: 1–2 min/day). Birds were assessed using three behavioral tests. During the separation–reunion test (Days 52–53), individuals underwent two 3-min separations (experimenter absent) and reunions (experimenter present) in an open-field setting. Subsequently, the experimenter attempted up to six standardized capture attempts to catch the birds (the capture test). Lastly, the local enhancement test (Days 120–137) assessed birds’ ability to use human presence/gestures to locate food. In the separation-reunion test, PC birds exhibited calmer/positive behaviors, such as reduced vigilance and increased foraging, in the presence of the experimenter compared to being alone. Conversely, MC birds displayed fewer calm behaviors and greater withdrawal when the experimenter was present. Brown birds showed more calm behaviors, reduced movement, and spent more time near the experimenter than white birds. The capture test supported these results, with PC and brown birds being easier to capture. In the local enhancement test, two PC individuals and the brown PC group as a whole successfully used human-given cues to locate food rewards. These results indicate that, as observed in other species, chickens—especially those with positive human experiences—can associate humans with rewarding outcomes. Positive interactions may also lead chickens to perceive humans as social buffers—that is, as factors that help mitigate stress in challenging situations. Although fundamental, this study highlights the potential of breed-sensitive approaches to improve poultry welfare and opens the discussion on adapting human–animal interactions to breed-specific characteristics. These insights can inform welfare-enhancing practices and provide practical tools for on-farm management that benefit both animals and farmers.
Cette publication a fait l’objet d’un article sur le site d’INRAE le 08/07/2025
