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Does Animal Personality Research Actually Help Animals?

By 8 août 2023septembre 12th, 2023No Comments

Type de document : article publié dans Sentient Media

Auteur : Björn Ólafsson

Extrait en français (traduction) : La recherche sur la personnalité animale aide-t-elle réellement les animaux ?
Il est clair que la grande majorité des terres agricoles du monde est consacrée à l’élevage massif d’animaux. Selon Our World in Data, 77 % des terres agricoles mondiales sont utilisées pour les pâturages, les cultures fourragères et les élevages industriels. Mais il ne s’agit pas seulement de terres. Le nombre d’animaux abattus chaque année pour l’alimentation est également stupéfiant : 165 millions rien qu’aux États-Unis, un chiffre si important qu’il éclipse la notion de porc ou de poulet individuel. Pourtant, les scientifiques commencent à étudier justement les nombreuses façons dont les animaux d’élevage démontrent qu’ils sont effectivement des individus uniques, dotés de traits de personnalité et d’expressions différents. […]

Comment mesurer la personnalité des animaux ?
[…] La recherche sur les personnalités animales uniques en est encore à ses débuts, mais de plus en plus d’études commencent à voir le jour. […] L’une des raisons pour lesquelles le domaine a pris du retard est le manque de méthodes de recherche disponibles. Les mesures psychologiques normales utilisées sur les humains – comme les enquêtes ou les évaluations comportementales réalisées par des amis ou des membres de la famille – sont évidemment hors de question. Les chercheurs s’appuient donc sur les évaluations des éleveurs et sur des observations comportementales. Les premières sont plus subjectives – un éleveur peut noter de 1 à 10 le désir d’exploration d’une vache donnée – tandis que les secondes sont plus objectives – par exemple, en donnant à un troupeau de vaches dix minutes pour parcourir un nouveau champ afin de mesurer la distance qu’elles ont parcourue. Les chercheurs définissent aujourd’hui la personnalité d’un animal comme toute différence de comportement entre deux animaux qui est constante dans le temps et dans la situation. […] 
Même avec cette définition, la recherche est limitée. Les enquêtes impliquent presque toujours la présence d’humains, qui peuvent provoquer chez les animaux une réaction de peur naturelle qui modifie automatiquement leur comportement et leur personnalité. La question se pose donc de savoir si les animaux possèdent d’autres traits de personnalité en l’absence de l’homme. Malheureusement, il est très difficile de répondre à cette question. Michael Webster et Christian Rutz, tous deux spécialistes des sciences animales, ont mis au point un acronyme pour répondre à l’épineuse question de la personnalité des animaux : STRANGE (contexte social, facilité de capture, historique d’élevage, acclimatation et adaptation, changements naturels dans la réactivité, génétique et expérience). […]Certains critiques estiment que la recherche est en soi imparfaite, car les scientifiques transposent des traits de personnalité humains sur des animaux non humains, en particulier sur ceux qui sont distincts de l’homme du point de vue de l’évolution ou de la biologie. […] De plus, l’étude des animaux d’élevage pose un dilemme similaire : un poulet élevé en captivité dans des conditions peu agréables ou exiguës n’aura pas la même personnalité que s’il avait été élevé dans un environnement naturel. Quels sont donc les aspects de leur personnalité singulière qui risquent d’être perdus ou supprimés ?
À ce stade, les chercheurs ont plus de questions que de réponses.

À quoi ressemble la personnalité des animaux d’élevage ?
Lorsqu’il s’agit d’animaux d’élevage, un grand nombre de variables sont les mêmes : dans une même ferme, les animaux mènent généralement tous la même vie. Les vaches ont tendance à avoir des traits de personnalité stables tout au long de leur existence, à l’exception de la puberté. Ce sont des animaux remarquablement sociaux, capables de se souvenir des visages de nombreuses espèces et même d’avoir des meilleurs amis. Elles aiment aussi jouer. Au sein d’un même troupeau, les vaches se distinguent toutefois par leur audace, c’est-à-dire leur volonté d’explorer. Certaines vaches adorent plonger dans de nouveaux champs, tandis que d’autres se tiennent à l’écart et préfèrent rester entre elles. […]Les éleveurs peuvent utiliser la recherche sur la personnalité pour augmenter leurs profits.
Alors que le domaine de la personnalité animale s’est développé, en particulier dans les revues spécialisées, une tendance inquiétante se dessine : les études visent de plus en plus à stimuler la productivité des exploitations plutôt que le bien-être des animaux. Les vaches laitières sont un objet de recherche courant, par exemple. Une étude récente du Journal of Dairy Science a montré que les vaches audacieuses qui aiment explorer s’adaptent mieux aux machines à traire automatiques et que les vaches nerveuses ont tendance à produire moins de lait. Une autre étude publiée dans le même journal a montré que les vaches alertes et curieuses sont plus susceptibles de manger davantage dans les stations de traite. […]L’identification empirique des traits de personnalité d’un troupeau d’animaux demande beaucoup de temps et nécessite de multiples évaluations du comportement, voire un équipement complexe. Certains éleveurs et scientifiques aimeraient éviter complètement la question de la personnalité individuelle des animaux en l’éliminant par l’élevage. Lorsque l’industrie évalue les traits de personnalité des animaux, les scientifiques cherchent souvent à prendre des décisions sur les animaux à « réformer », un euphémisme utilisé par l’industrie pour désigner l’abattage des animaux indésirables. […] Certains scientifiques ont expérimenté l’utilisation de la sélection génétique pour éliminer certains traits de personnalité indésirables. Les vaches laitières excessivement craintives ou extraverties sont par exemple évaluées sur une échelle de 1 à 9, et les vaches présentant des scores extrêmes sont éliminées afin d’augmenter les profits des agriculteurs. […]Si l’élevage en fonction de la personnalité devait être largement adopté par l’industrie, nous pourrions assister à une répétition de ce qui s’est passé lorsque les agriculteurs, à la fin du XXe siècle, ont élevé des animaux pour qu’ils soient plus gros et plus gras afin d’augmenter leurs profits. Cette démarche a permis à l’industrie d’être très efficace et rentable, mais elle a également engendré une série de problèmes liés au bien-être des animaux, qui persistent encore aujourd’hui. […]

Ces recherches pourraient-elles profiter aux animaux de ferme ?
Certaines recherches sur la personnalité animale peuvent être bénéfiques au bien-être des animaux. Les éleveurs qui gèrent des troupeaux à la pâture peuvent entraîner des animaux plus audacieux à trouver de nouvelles zones de pâturage, par exemple, ce qui peut amener des individus timides à apprécier des plantes plus variées pour se nourrir. Lorsque les animaux franchissent des étapes de leur vie, comme le sevrage ou l’adolescence, les éleveurs peuvent accorder une attention particulière aux animaux les moins sociables afin de s’assurer qu’ils développent des aptitudes sociales.

Extrait en anglais (original) : It’s clear the vast majority of the world’s agricultural land is devoted to farming animals en masse. According to Our World in Data, a whopping 77 percent of all global farmland is used for pasture, feed crops and factory farms. But it’s not just land. The sheer number of animals slaughtered each year for food is also a staggering one — 165 million in the U.S. alone — a figure so massive that it eclipses the notion of an individual pig or chicken. And yet, scientists are beginning to study just that — the many ways in which farmed animals demonstrate that they are indeed unique individuals, complete with different personality traits and expressions. […]

How Do We Measure Personalities in Animals?
[…] Research into unique animal personalities is still in its early days, but more and more studies are beginning to emerge. […] One reason the field lagged is the lack of available research methods. Normal psychological measures used on humans — like surveys or behavioral assessments from friends or family — are obviously off the table. Animal researchers instead rely on assessments from caretakers, as well as behavioral observations. The first is more subjective — an animal keeper may rate a certain cow’s desire to explore from 1 to 10 — while the latter is more objective — for example, giving a herd of cows ten minutes to roam a new field in order to measure how far they explored.Researchers now define an animal personality as any behavioral difference between two animals that is consistent across time and situation. […]Even with this definition, research is limited. Investigations nearly always involve the presence of humans, who can invoke a natural fear response in animals that automatically changes their behavior and personality. This raises the question — do animals possess other personality traits when humans aren’t around? Unfortunately, this has proven very difficult to answer. Michael Webster and Christian Rutz, both animal scientists, developed an acronym to wrestle with the thorny question of animal personalities: STRANGE (Social background, Trappability, Rearing history, Acclimation and habituation, Natural changes in responsiveness, Genetic makeup, and Experience). […]Some critics say the research is inherently flawed because scientists are mapping human personality traits onto non-human animals, especially those non-human animals who are evolutionarily or biologically distinct from humans. […]What’s more — researching farmed animals presents a related dilemma — a chicken raised in captivity under unpleasant or cramped conditions is not going to have the same personality as if he or she were raised in a natural environment. So then, what aspects of their unique personalities might be lost or suppressed? At this point, researchers have more questions than answers.

What Do Personalities Look Like in Farmed Animals?
When it comes to farmed animals, so many of the variables are the same — on a single farm, animals usually lead identical lives. Cows tend to have stable personality traits throughout their existence, with the exception of during puberty. They’re remarkably social animals, capable of remembering the faces of many species and even having best friends. They also like to play. Within a herd however, cows do differ greatly in their boldness, or willingness to explore. Some cows love diving into new fields while others hang back and prefer to keep to themselves. […]Farmers Can Use Personality Research to Fuel Profits
As the field of animal personality has grown, especially in industry journals, a worrying pattern is emerging — studies are increasingly aimed at boosting farm productivity rather than animal welfare. Dairy cows are a common research subject, for instance. A recent study from the Journal of Dairy Science has shown that bold cows who enjoy exploring adapt better to automatic milking machines and nervous cows tend to produce less milk. Another study in the same journal found that alert and curious cows are more likely to eat more in milking stations. […]The science of identifying personality traits empirically in a herd of animals is time-intensive, requiring multiple behavior assessments and even complex equipment. There are some farmers and scientists who’d like to avoid the question of individual animal personality altogether by breeding it out.When the industry assesses animal personality traits, researchers are often looking to make decisions about which animals to “cull” — an industry euphemism for killing undesirable animals. […] Some scientists have experimented with using genetic selection to weed out certain undesirable personality traits. Excessively fearful or extroverted dairy cows are rated on a scale from 1-9 for instance, with the cows displaying extreme scores killed off in order to increase farmers’ profits. […]If personality-informed breeding were to become widely adopted by the industry, we might see a repeat of what happened when farmers in the late 20th century bred animals to be bigger and fatter to boost profits. The move made the industry highly efficient and profitable, but it also created a slew of animal welfare problems that persist to this day. […]

Could This Research Benefit Farm Animals?
Some research into animal personality does have the potential to benefit welfare. Farmers who manage pastoral herds can train bolder animals to find new grazing areas, for instance, which may lead shy individuals into enjoying more diverse plants for eating. When animals move through stages of life, like from weaning to adolescence, farmers can pay special attention to the less social animals to ensure they develop social skills.

Extrait du site de Sentient Media