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Ethique-sociologie-philosophie

L’animal-marchandise : un processus de dé-civilisation

By 12 septembre 2023septembre 25th, 2023No Comments

Type de document : article publié dans Sésame

Auteur : Anne Judas

Extrait : Sophie Riley enseigne le droit à l’Université de technologie de Sydney (Australie). Ses recherches portent sur le droit de l’environnement, le droit de l’animal et l’éthique. Experte internationalement reconnue dans ces domaines, elle a publié The Commodification of Farm Animals [La marchandisation des animaux d’élevage] (Springer, 2022). L’ouvrage […] retrace l’histoire des réglementations sanitaires qui ont façonné le commerce international, en examinant, au passage, le rôle des experts vétérinaires au niveau mondial. En substance, S. Riley interroge le paradigme même de « bien-être animal » dans les systèmes de production : ses fondements sont-ils si éthiques ?
La voie de la marchandisation
Dans « l’animal-marchandise », S. Riley examine les réglementations expressément prises contre la cruauté et les principes du bien-être des animaux sous un angle historique. Elle les replace dans le cadre de réseaux économiques et commerciaux qui ont façonné un type de développement qu’elle nomme la « voie de la marchandisation ». Celle-ci transforme les animaux en biens sur le marché, fait des utilisations humaines la priorité et manque singulièrement d’engagement éthique. […]Une recherche historique
Riley analyse d’abord l’histoire de ce développement déshumanisant qui a commencé au seizième siècle. La commercialisation des animaux, en particulier les animaux d’élevage, augmente parallèlement à la croissance des échanges d’autres produits. […] Vue sous l’angle du commerce (international) la santé animale est une question, non de bien-être, mais de protection d’un territoire contre une cargaison qui serait porteuse de maladies (chap. 5).[…]L’invention du bien-être animal
Au chapitre 6, l’autrice décrit comment l’expression « bien-être des animaux » apparaît et se diffuse dans le langage courant : vers 1965, le rapport Brambell, qui se penche sur le sort des animaux d’élevage au Royaume-Uni, popularise le terme. Peu à peu, la terminologie intègre le cadre commercial, de sorte que ce que ressentent les animaux ne compte que si cela peut entrer dans ce cadre. […]Dé-marchandiser ?
Selon l’autrice, les législations anticruauté comme celles touchant au bien-être des animaux, qui limitent la façon dont les humains utilisent les animaux, sont utilitaristes et donc biaisées en faveur de l’humain et de ses intérêts. La société a depuis longtemps accepté le fait que les animaux et leurs produits soient des biens que l’on s’échange, des propriétés et cela ne peut changer que si les Etats corrigent les déséquilibres dans le secteur.

 

 

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Extrait du site de Sésame