Type de document : article publié dans La Montagne
Auteur : AFP
Extrait : L’IA peut contribuer au bien-être animal et à la lutte contre le changement climatique, estime Florence Gondret, directrice de recherches à l’Institut français de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), selon l’AFP. La spécialiste de la physiologie des animaux de ferme donnera une conférence sur l’IA au Salon international de l’élevage, le Space, organisé du 16 au 19 septembre à Rennes (Ille-et-Vilaine).
L’IA favorise-t-elle plutôt une agriculture intensive ?
C’est vrai qu’on manque encore de recul pour savoir vraiment qui va pouvoir s’emparer de l’IA. Mais l’agriculteur est très souvent déjà un agriculteur numérique. Aujourd’hui, 50 % des éleveurs laitiers en Bretagne (ouest) ont un robot de traite, les deux tiers des éleveurs caprins ont au moins un outil connecté. L’IA est finalement un appui au savoir-faire de l’éleveur, un prolongement de ce qu’il peut observer par lui-même : elle offre une capacité de suivi en temps réel, sur des grandes périodes, là où l’éleveur ne peut pas être 24 heures sur 24 en train de regarder ses animaux. Aujourd’hui, en agriculture, et en particulier en élevage, plusieurs exemples montrent que l’IA permet de progresser et de s’inscrire dans ce qu’on appelle les principes agroécologiques, donc de reconnexion à la nature. Dans le domaine de la santé, on est capable de diagnostiquer plus précocement une infection respiratoire ou un mal-être de l’animal, avant que le vétérinaire ou l’éleveur ne détectent les premiers signes.
L’IA va-t-elle inéluctablement pousser à plus d’automatisation ?
Non, l’IA ne remplacera pas l’éleveur, c’est un outil d’appui dans un certain nombre de décisions mais elle ne pourra pas remplacer le savoir-faire paysan. L’idée, c’est de l’aider dans la pénibilité de certaines tâches, de le remplacer là où l’automatisation est intéressante et où la capacité de décision par un humain a finalement peu d’importance, pour lui permettre d’avoir plus de temps de qualité à passer auprès de ses animaux.
L’IA appliquée à l’élevage va-t-elle fatalement aggraver le réchauffement climatique ?
L’agriculture est basée sur le vivant, il faut se poser la question des usages qu’on veut faire de l’IA et des bénéfices qu’on en espère. Le pari qu’on fait, c’est que l’IA va nous aider à lutter plus efficacement contre le réchauffement climatique, en permettant par exemple de réduire les émissions de méthane par les systèmes ruminants, en permettant de réduire les pollutions azotées par les porcins, en améliorant le bien-être de l’animal et en détectant plus précocement des problèmes pour pouvoir réagir sans utiliser de médicaments.