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Ethique-sociologie-philosophie

Dans la jungle des pétitions en ligne, la défense de la cause animale se taille la part du lion

By 27 février 2021mars 10th, 2021No Comments

Type de document : Article paru dans Le Monde

Auteur : Pascal Krémer

Extrait :   Les mobilisations numériques pour le bien-être des créatures à mille, quatre, deux (ou sans) pattes recueillent des millions de signatures.

Les chiens, des chats, sans cesse, mais pas seulement. Des porcelets, des ratons laveurs et des blaireaux aussi. Peu importent les physiques ingrats : dans l’univers de la pétition en ligne, l’animal règne. Combien de millions de signatures validées d’un clic révolté? Pour combien de campagnes en défense des bestioles de toutes espèces ? Même le « M. Cause animale » à l’Assemblée nationale, l’ex-vétérinaire et député (LRM) Loïc Dombreval, a lâché du lest, submergé : « J’en reçois tellement que je ne les lis pas toujours dans le détail… » […]

La pétition Web, ou l’engagement sans les inconvénients. Ni frais ni perte de temps. Un nom, un e-mail, un clic, depuis le canapé. Sous l’inévitable onglet

« Agir » des plates-formes associatives, la proposition « Signer une pétition » arrive comme une bénédiction, après « Faire un don », « Militer », « Adopter un animal », « Parrainer ». Je signe! Dix millions de personnes ont déjà, logiquement, privilégié cette option sur le site Mesopinions.com (créé en 2006), où 300 pétitions sont lancées chaque mois, par des particuliers pour l’essentiel. Change.org, lui, se targue de réunir 13 millions de membres. « Nous vivons une crise de la représentation démocratique, analyse Sarah Durieux. La pétition est un outil historique, connu de tous, facile, qui permet de renouer avec l’action civique dans un cadre que l’on contrôle. » D’ailleurs, la France figure, selon elle, parmi les champions de la pétition en Europe, aux côtés de la Grande-Bretagne et de l’Espagne. « Et avec le Covid-19, nous avons connu une explosion : + 64 % de signatures de mars à août 2020. » La cause à l’interdiction des manifestations ? Un loisir de confinement ? Besoin de sens et de communauté, surtout.

Par quel hasard de l’évolution l’animal s’est-il transformé en roi de la jungle pétitionnaire? Le député Dombreval le sait : « Les Français ont l’impression que les politiques ne les écoutent pas assez sur cette question. » Et de relever le décalage entre les 920 000 partisans du référendum d’initiative partagée sur le bien-être animal et les 145 parlementaires (sur 925) qui le soutienne. « Tout cela à cause de la chasse et de l’élevage… Mais je suis sûr que, dans quelques années, la corrida et les chasses cruelles seront abolies. Les Français n’en veulent plus. Le sujet de la condition animale est entré dans nombre de foyers. » Grâce, dit-il, à deux phénomènes concomitants: l’ample diffusion d’images écœurantes tournées par les associations comme L214 « et l’étayage scientifique à propos des animaux, de leur capacité à ressentir, de leur intelligence ».

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Extrait du site du journal Le Monde